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Perspective 2022
15 février 2020

Renoncement de Benjamin Griveaux - 1/2

     On savait que le monde politique avait, depuis longtemps, perdu la capacité d’entendre la voix des citoyens. Mais à lire certaines déclarations, suite au renoncement de Benjamin Griveaux à se présenter à la mairie de Paris, j’en viens à me demander s’il lui arrive encore de s’écouter lui-même ! De prendre la mesure de ce qu’il ose déclarer !

     En quoi la divulgation de l’incartade Griveaux constituerait une atteinte intolérable à la démocratie ?! Et, pourquoi pas, un grave danger pour la République, tant qu’on y est ?! Nous le verrons plus loin, le danger n’est pas là où tous les commentateurs pointent leur doigt, à l’unisson avec cette classe politique avec laquelle ils entretiennent une consanguinité qui ne manque pas d’interroger le citoyen.

     Qui plus est, rien, ni personne n’empêchait formellement l’impétrant de candidater. Pas les électeurs de Paris, encore moins la justice. Il n’y a jamais vraiment eu de ligue de vertu à l’anglo-saxonne dans notre pays, aujourd’hui encore moins qu’hier ! Or, il n’y a rien que de très banal et de très quotidien dans une affaire d’adultère. Cela a toujours existé – il n’y qu’à constater la proportion des incompatibilités génétiques dans les filiations du siècle dernier notamment - et cela s’est considérablement amplifié depuis que les occasions de se tromper mutuellement entre conjoints se sont trouvées multipliées par le mode de vie moderne. Les français, citoyens du pays de la gaudriole et du libertinage, ne sont ni cons, ni dupes. Ils savent depuis longtemps que l’argent, le pouvoir et le sexe forment un ménage à trois particulièrement fécond en orgies, gabegies et tromperies en tous genres. VGE, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande pour ne parler que des têtes d'affiche ! Ils ont été élus, et parfois réelus !

     Certes, c'est le buzz qui fonctionne comme une caisse de résonance désormais, mais, sur le fond de l’histoire, tout le monde s’en fout royalement ! L’électeur n’a jamais attendu d’un élu qu’il soit, dans la sphère privée, un modèle, un exemple, toute chose qu’il ne saurait lui-même être dans sa propre vie sociale et intime. Il en espère de la compétence dans la gestion du quotidien, de la rigueur pour mener un projet politique à terme et de la droiture pour ce qui est de l'utilisation des comptes publics. Se comporter en homme honnête, financièrement parlant  (intellectuellement étant trop lui demander), bien plus qu’en honnête homme

     Ce qui a mis M. Griveaux dans une situation de porte à faux, c’est la percussion d’une imagerie d’Epinal Travail-Famille-Mairie, récemment mise en scène dans le cadre de la campagne municipale, avec une certaine lecture alternative de la réalité intime. Et, par voie de conséquence, au-delà des ricaneurs grivois, une interrogation légitime sur l’honnêteté supposée de son discours politique.

     La pratique d’une telle divulgation est-elle condamnable au titre du droit ? La réponse est clairement oui. Condamnable au nom de la morale (politique) ? La réponse est plus ambigüe, dès lors que les valeurs familiales –et ou dites traditionnelles – auraient été mises en avant pour s’assurer d’une belle image, fausse en l’occurrence. Condamnable au nom du principe de responsabilité ? La réponse est clairement non.

     Car enfin, et c'est là tout le problème avec la mise ne danger de l'Etat républicain, cette vidéo a été enregistrée, dit-on, en 2018. Quand Benjamin Griveaux était le porte-parole du gouvernement. A ce titre, il était au cœur de la communication exécutive, et donc dans le secret des réflexions sur les dossiers sensibles en cours, sur les arbitrages délicats qui seront finalement actés. Avoir un comportement privé qui est susceptible de porter flanc, non pas à une attaque politico-médiatique, dont on constate qu’elle n’aurait pas eu lieu pour cause d’autocensure, mais à un chantage opéré par une puissance étrangère ou par des intérêts privés particuliers,  partie prenante dans les dits arbitrages, cela relève de l’irresponsabilité personnelle, politique et gouvernementale la plus totale.

     Les services de contre-espionnage n’ont de cesse de casser les pieds des agents ayant à connaître des informations classées secrètes avec force de paperasse, interviews, suivis. Mais où sont les mesures de protection du secret au plus haut niveau de l'Etat ? Ainsi donc, les ministres et les grouillots du premier cercle de leurs cabinets personnels se sentent, eux, libres de faire n’importe quoi, sans être jamais contrôlés ?! Il n'est pas question de moralité ; il est question de sécurité nationale ! La sphère privée n’existe pas pour les bas échelons qui ne sont de petits rouages de la machine du pouvoir ; et elle devrait exister pour les pontes ?

     N’est-ce pas là, le signe inquiétant d’une crasse désinvolture à ses devoirs envers l'Etat et la République ? N'est-ce pas là, la preuve que les nouveaux seigneurs des temps modernes estiment que les règles qui s’imposent aux sous-fifres, ne les concernent en rien ?  

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