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Perspective 2022
18 mars 2020

Covid-19 : la contre-vérité avance masquée

     La gestion de l'épisode épidémique covid-19 pèsera sur le bilan du présidant sortant à l'horizon 2022. C'est pourquoi en ce jour 2 du confinement de la France, l'on peut s'interroger sur les décisions qui ont été prises et surtout sur celles qui ne l'ont pas été.

     Face à la défiance qui affecte la parole institutionnelle, politique et médiatique, l'exécutif a décidé de faire monter au créneau "les savants" et "les sachants" pour justifier de ses décisions et pour mieux contrôler sa communication. En jouant "la transparence la plus totale"... Ce qui est incompatible avec le voeu de la porte-parole du gouvernement de protéger son chef, quitte à mentir éhontément à la représentation nationale et aux citoyens. Mais passons...

     "C'est à la fin de la foire que l'on compte les bouses". Ce proverbe rural dit bien que tout se jugera à la fin de l'histoire, une fois qu'un recul salutaire et dépassionné aura été pris sur l'évènement. Pour autant, à la lecture du déballage "Buzyn" dans le Monde, on peut et on doit s'interroger sur la capacité de l'exécutif à avoir pris la mesure du défi à relever quand la contagion a affecté Wuhan et sur son inexpérience à la gestion de crise. Marteler que "nous sommes en guerre" confine (un verbe à la mode) au ridicule, si ce n'est que pour afficher une posture de "chef de guerre" pour un Président, par ailleurs sans expérience militaire, mais fort d'une culture puisée dans les livres d'histoire.

     Ainsi en est-il de la question des masques de protection. La réalité objective a été détournée pour masquer (c'est le cas de le dire) la gestion calamiteuse de l'Etat en la matière. Ce qui offre une communication totalement ubuesque où, dans le même temps, le discours officiel, sous couvert de l'onction médicale, dit au citoyen de ne pas porter de masque s'il n'est pas malade, et où il est dit par ailleurs par M. Salmon, l'homme du rendez-vous cathodique comptable quotidien, que "nous sommes tous porteurs potentiels du virus". Si tout le monde est potentiellement porteur - discours vrai -  et si toute personne infectée potentiellement se doit de porter un masque pour ne pas risquer de contaminer son voisin -discours vrai - pourquoi ce message contradictoire de l'inutilité du port du masque ?

     La réponse est terrible pour l'exécutif : tout simplement parce que le gouvernement - celui-ci et ses prédécesseurs depuis 2012 - s'est satisfait d'une absence de stock stratégique en masque de protection à destination des professionnels (les fameux PRP2) et d'une absence de stock suffisant en masques dits chirurgicaux à destination des citoyens. Pour des raisons d'économie. Un stock jugé aussi coûteux qu'inutile. Ben oui ! Un stock prévu pour affronter une calamité est sans objet en l'absence de calamité... Mais quand le problème survient, il trouve tout son intérêt ! J'ai vécu en zone cyclonique et en zone sismique : les stocks de fournitures faits par les particuliers ont un sens pour tous ceux qui ont eu à vivre une calamité naturelle. Et c'est un coût accepté car acceptable. Comme pour ces assurances habitation ou voiture que l'on paie à prix d'or tout en espérant ne jamais voir sa maison ou son véhicule partir en fumée !

     La seconde réponse est encore plus préoccupante : tout simplement parce qu'à cette défaillance de stock (dont la responsabilité  sera reportée sur des "décisions prises d'avant soi" comme si on ne pouvait pas revenir dessus, et comme si on n'avait pas participé à l'avant en question d'ailleurs !), s'est ajoutée une incompréhensible non-décision à activer les chaînes de fabrication dès la fin du mois de janvier pour pallier cette absence de réserve de première et de seconde ligne. En "temps de guerre", ordre est donné à une partie de l'industrie de se reconvertir pour assurer la production de fournitures essentielles. C'est basique ! Pénurie de masque adapté signifie mise en danger de l'organisation de soins, celle tournée pour combattre le virus bien sûr, mais aussi celle dévolue aux soins du quotidien. Car il y a toujours des douleurs à soulager pour les kinés, des interventions à effectuer dans les cabinets dentaires, des piqûres à faire pour les infirmières au profit de leurs patients diabétiques notamment... Les misères de la santé au quotidien ne s'effacent pas parce qu'il y a le covid-19. Peu ou pas de masques dégrade fortement les conditions d'exercice de ces profesionnels, pourtant indispensables à l'offre de réponse sanitaire. Cela peut même multiplier les risques pour un personnel se croyant protégé alors que le masque ne filtre plus, pour avoir été porté trop longtemps !

    Tandis que le gouvernement se gargarisait de la montée en puissance de l'offre de soins en réactivant les hôpitaux de proximité et en multipliant les lits en réanimation, l'Etat oubliait le basique : fournir aux soignants dans toutes les structures médicales et sanitaires les outils de protection assurant leur propre santé ; fournir aux populations les moyens de ne pas diffuser trop vite et trop facilement le virus. 

     C'est une contre-vérité de dire que le port généralisé du masque est inutile en de telles circonstances. Une contre-vérité que les exemples asiatiques ont su démontrer en jugulant le foyer épidémique malgré les échanges bien plus étroits avec la Chine ! Il serait alors plus exact de dire que l'absence de stock et le retard à prendre les bonnes décisions concernant la production des masques contraint la parole de l'Etat à limiter le port du masque aux personnels prioritaires pour éviter la contagion... de la panique. Mais cela signifierait que le gouvernement a failli dans son obligation de protection, et que l'exécutif a failli dans cette partie au moins de sa gestion de la crise.

     Le confinement est une mesure nécessaire et indispensable. Qui plus est, en l'absence de masques délivrés à l'ensemble de la population ! Dire des contre-vérités en même temps que tenir un discours sensé ne peut que troubler le message essentiel à délivrer à chacun et relativiser le bien-fondé des décisions indispensables qui ont été prises. En termes d'efficacité de la communication de crise, cela s'appelle du gâchis.

  

 

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